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Présentation

Y6 La cathédrale de Noyon

Publié par Legrand

 

19  LA  CATHEDRALE  DE  NOYON

 

           L’étude de la cathédrale de Noyon ne peut être abordée sans quelques remarques :

           Il s’écoule une vingtaine d’années entre l’incendie de 1131 et le début des travaux de la cathédrale en 1151. En se référant au besoin du clergé, au vu de l’augmentation du nombre de chrétiens, le délai de vingt ans peut surprendre.

           Le porche d’entrée comprenant les deux tours semble antérieur à la nef, ainsi qu’aux deux transepts et au chœur.

           Les façades latérales de la nef comportent des arcs en plein cintre au dessus des vitraux.

           Trois arcs-boutants de la façade nord réalisés pour bloquer les efforts des voûtes sont identiques et massifs, d’autres beaucoup plus grêles.

           Les fausses voûtes barlongues actuelles sur croisées de nervures, d’une trame 9 x 24, ne correspondent pas au plan qui, lui, est prévu pour recevoir des voûtes sexpartites d’une trame 9 x 12. La photo ci-dessous révèle l’alternance de nervures fortes correspondant aux pilastres et de nervures faibles correspondant aux colonnes.

 

           Les hémicycles des transepts et du chœur sont dessinés suivant le principe du nombre

d’Or, déterminant l’axe des colonnes selon une distribution en rapport avec le tracé du demi décagone, procédé qui ne semble apparaître qu’après 1150.

           Ces divers constats permettent de préciser les dates de réalisation. Les arcs en plein cintre sont pratiquement abandonnés à partir des années 1150.

           - Les voûtes de la cathédrale de Soissons, réalisées à partir de 1137, sont quadri-partites sur plan barlong. Ce type de voûte sera abandonné au profit des voûtes sexpartites. A Noyon, bien que l’on soit en présence de voûtes quadripartites, elles ne sont pas barlongues, celles prévues d’origine étaient sexpartites. Ce point sera à éclaircir.

           - La distribution des hémicycles suivant le nombre d’Or n’apparaît qu’à partir de1150. Pour faire correspondre ces différents constats il faut :

           - Considérer que les massifs des tours sont commencés dés les années 1130, que la nef et la croisée du transept seront commencées sensiblement en même temps que la cathédrale de Soissons, c'est-à-dire environ en 1137/1138, quelques années après l’incendie, ce qui amène l’achèvement des façades de la nef ainsi que la charpente et la couverture en 1152/1153, soit 15 ans après le début des travaux. Ceci permet d’expliquer les arcs en plein cintre des façades en 1147, mais cela va poser le problème de la réalisation des voûtes en 1153.

           A ce moment là, ils seraient en présence de la première voûte sexpartite et des problèmes qui peuvent en découler. S’ensuivrait quelques années plus tard, la réalisation du chœur et des transepts.

 

           Considérons maintenant le problème des voûtes : A ce stade de la construction, la charpente et la couverture sont réalisées; pour terminer la cathédrale il ne reste plus que les voûtes, c'est à dire : les nervures, les arcs-boutants et les voûtes. C’est là qu’apparaît le pro-blème des voûtes sexpartites dont les efforts alternés 1, 3, 1, 3,… se présentent pour la première fois. Ce problème, supposé exister en 1152 se produirait plutôt en 1153, date de la mort de Saint Bernard, celui qui avait le mieux compris l’architecture gothique et qui pouvait prendre les décisions. Or, sa disparition peut laisser un vide, en face duquel personne n’est en mesure de décider s’il faut réaliser des arcs-boutants identiques ou différents et les adapter à l’alternance des poussées. Ceci peut expliquer l’attente d’une solution venant d’ailleurs.

 

Noyon : piliers

Noyon : piliers

La cathédrale de Laon est commencée en 1151, le principe de la voûte sexpartite est le même donc le problème va se poser; de là peut venir la solution. Dans l’attente, le temps passe et la voûte de la cathédrale de Noyon ne sera pas réalisée. Un nouvel incendie survient en 1238. Il fera peut-être apparaître la nécessité de reprendre les travaux des voûtes.

 

           L’importance de certains arcs-boutants (ou leur faiblesse ou même leur absence) ne s’explique pas bien. Quant à leur date de réalisation, il est bien difficile de faire une propo-sition. De même en certains endroits, l’absence de reprises des efforts exercés par les nervures ne se conçoit pas facilement. Il n’y a ni contrefort ni arc-boutant au droit de certaines nervures. On peut le constater et pourtant l'édifice est stable.

           La cathédrale de Noyon subira encore, après celui de1238, un incendie en 1298. Après l’incendie de 1238, qui a probablement lieu dans un édifice ne comportant pas de voûte, ils envisagent certainement de réaliser des voûtes protectrices et ils adoptent les voûtes d’esprit barlong, les voûtes sexpartites du début semble être abandonnées. Ce sont celles d'esprit barlong qui existent actuellement. Il faut au préalable, refaire la charpente et la couverture avant les voûtes. Puis survient un nouvel incendie, alors que les voûtes viennent d’être réalisées, celui de 1298 et là, il faut évacuer les eaux de pluies en rétention sur les voûtes, d’où les percements que l’on peut constater. Et de nouveau, il faut refaire la charpente et la couverture.

           C’est compliqué, mais cela tient compte des événements dont nous avons connais-sance.

           ...

           Le vrai peut quelques fois n'être pas vraisemblable.

           ...

                       Nicolas Boileau (L'art poétique, Chant III).

           L'inverse non plus

 

           Mes propos ne sont pas exempts d'imperfections; mais le lien qui les relie m’oblige à le signaler.

           Le choix de l’arc en ogive au détriment de l’arc en plein cintre, au dessus des vitraux, apparaît dans les années 1150. C’est une date dont il faut tenir compte dans la chronologie des faits. Ceux de Noyon sont en plein cintre, ils sont probablement antérieurs à 1150.

           Le dessin de la répartition des colonnes dans les hémicycles réalisé selon le principe du nombre d’or n’apparaît qu’après 1150.

           La dimension confortable du chœur oblige à le dater au plus tôt en 1170. Le chœur de Soissons serait agrandi sous l’évêché de N. de Cherizy, après 1176, et celui de Laon après 1180 (à remarquer leur grande dimension).

           De même, il faudra tenir compte de la voûte quadripartite, réalisée, alors que celle prévue initialement était sexpartite.

           Cet ensemble de remarques  permet de proposer des dates et un enchaînement chronologique de la construction de la cathédrale mais n’expliquent pas pourquoi les arcs-boutants sont si différents, ni leur dates de réalisation. Certains ont pu être fait pour reprendre les poussées de la voûte sexpartite prévue initialement et d’autres pour répondre au rempla-cement de la fausse voûte barlongue. Des hésitations qui ne permettent aucune proposition. Il faut se contenter de celle tenant compte des incendies.

           Le démarrage du chantier, en ce qui concerne la nef, pourrait avoir eu lieu environ en 1137, après la réalisation des tours puis, en 1152, soit 15 ans après, report de la réalisation des voûtes. Puis, tracé des hémicycles en 1170 suivant le nombre d’Or, il s’ensuit un temps de calme avant l’incendie de 1238. Et les péripéties après cet incendie

Noyon : fausse voûte barlongue

Noyon : fausse voûte barlongue

Noyon : détail de façade

Noyon : détail de façade

Noyon : façade avec arcs-boutants et arcade des baies à vitraux en plein-cintre

Noyon : façade avec arcs-boutants et arcade des baies à vitraux en plein-cintre

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