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Lettre financière au sujet de la Russie.

Publié par Legrand

Lettre financière au sujet de la Russie.

Voici une lettre financière que je reçois et que je n'apprécie pas du tout. Il est suivi de ma réponse à l'émetteur.

Et pourquoi pas la Russie ?
Karim Rahemtulla

Et pourquoi pas la Russie ? C'est une question qui revient régulièrement lors des conférences que je donne sur l'investissement. Je réponds souvent à cette question par cette autre question : à quoi bon ?

Si le marché boursier russe, volatile, peut faire le délice des traders, il est souvent le cauchemar des investisseurs

Si le marché boursier russe, volatile, peut faire le délice des traders, il est souvent le cauchemar des investisseurs. Ceci étant dit, étudions de plus près ce marché boursier bien mystérieux.

Les actions russes sont au plus bas. La plupart ont chuté de plus de 50% par rapport à leur plus haut de 2011 et leur PER est inférieur à 10. Par exemple, l'ETF VanEck Vectors Russia (RSX:NYSE), s'échange à un PER de moins de 8, comparé à plus du double pour celui du S&P 500.

Toutefois, alors que les titres russes paraissent attractifs selon la plupart des critères, à mon avis, elles ne valent pas mieux que celles d'un marché émergent.

Si vous recherchez un trade strictement basé sur la volatilité court terme ou un "flyer" basé sur une monnaie qui se renforce, alors la Russie peut vous intéresser. Mais si vous recherchez un investissement fondamentalement solide, alors la Russie est bien le dernier endroit à envisager.

La Russie et l'investissement, une histoire bien compliquée
L'économie est loin d'y être transparente. J'ai visité pour la première fois la Russie en 1982, bien avant la perestroïka qui a restructuré le Parti communiste et a conduit à la dissolution de l'URSS.

A cette époque, la Russie était un endroit plutôt lugubre, où les pénuries étaient le pain quotidien et où le marché noir était le marché de choix pour les touristes et les membres corrompus du Politburo – les seuls qui pouvaient se payer des "produits de luxe."

Clairement, ce n'était pas le moment d'investir en Russie alors je ne l'ai pas fait... pas avant 1995.

Mon premier investissement en Russie fut l'achat d'un parking à Moscou. Cela s'est révélé être un échec. Non parce que le parking ne marchait pas mais parce qu'il n'était pas facile de contrôler l'investissement et que les droits de propriété étaient, au mieux, flous.

Mes investissements suivants furent pour le marché boursier. J'ai acheté Templeton Russia Fund et un opérateur en téléphonie mobile appelé VimpelCom. C'était juste après que la crise financière asiatique de 1997 a fait vacillé tous les marchés émergents. Ces investissements ont bien marché. Mais c'était plus lié au bon timing qu'au bon investissement.

Depuis peu, le marché boursier russe reprend du poil de la bête. L'ETF VanEck Vectors Russia a gagné près de 40% depuis mi-janvier

Les actions russes relèvent la tête
Depuis peu, le marché boursier russe reprend du poil de la bête. L'ETF VanEck Vectors Russia a gagné près de 40% depuis mi-janvier. Ces rendements conséquents ont attiré l'attention de nombreux observateurs.

Mais ces gains récents ne sont pas le résultat d'un changement fondamental de l'économie ou de ses perspectives futures. Au contraire, le pays est dans une situation économique catastrophique, dirigé par un homme dont les ambitions à la fois personnelles et pour la Russie sont... hum... peu pacifiques, et par une oligarchie accrochée à ses privilèges.

Il n'est donc guère surprenant que le rouble russe se soit effondré. Il est passé de moins de 30 roubles pour un dollar il y a deux ans à 81 roubles pour un dollar en janvier dernier. Deux raisons à cette dégringolade :
1. Les sanctions à l'encontre de la Russie après l'agression militaire en Ukraine et l'annexion de la Crimée
2. L'effondrement du prix du pétrole, qui est le poumon du pays pour le marché des changes.

Résultat, le pays connaît un sérieux ralentissement accompagné d'une forte inflation et d'une récession économique.

Pour que l'économie russe reprenne et que les actions deviennent un investissement intéressant, il faudrait que les sanctions soient levées et que le prix du pétrole remonte

Pour que l'économie russe reprenne et que les actions deviennent un investissement intéressant, il faudrait que les sanctions soient levées et que le prix du pétrole remonte.

Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, il existe une corrélation très étroite entre le prix du pétrole et la performance des actions russes. En fait, la hausse depuis janvier peut être attribuée à cette relation.

Même si l'Occident lève les sanctions contre la Russie et même si le prix du pétrole remonte, il faut avoir le coeur bien accroché pour investir en Russie.

Dans mon livre Where in the World Should I Invest? [NDT : Où investir dans le monde ?], j'avais évoqué le cas de la Russie et ce que j'y ai écrit reste encore vrai aujourd'hui.

Il y a un énorme écart entre les méga-riches et les pauvres. Les oligarques et les agents du gouvernement du bloc russe prospèrent grâce au chaos. La mafia russe entretient des liens étroits avec le gouvernement.

En tant que puissance nucléaire, la Russie fera toujours plus de bruit que de mal, et interviendra lourdement au Moyen-Orient et en Asie où elle détient des intérêts commerciaux majeurs.

La Russie et les ex-républiques soviétiques ne se sont jamais complètement remises de l'effondrement de l'URSS. L'Etat de droit, la répartition des capitaux et la transparence des marchés posent question.

Jusqu'à ce que ces problèmes soient résolus, la région – en dehors des pays baltes – devra faire face à d'importants problèmes ces prochaines années si ce n'est ces prochaines décennies. A moins d'être un trader expert avec une tolérance élevée au risque, cette région n'est pas un endroit que je conseillerais pour investir.

Naturellement, il est possible de placer des paris gagnants sur les actions russes. A présent qu'elles sont au plus bas, elles pourraient rapporter un joli pactole. Mais n'oubliez pas que ces actions sont un pari risqué, pas un investissement.
[NDLR : Envie de tenter le pari russe, sans prendre de risques inconsidérés ? Dans Trades Confidentiels, Jim Rickards fait le pari d'une certaine reprise des marchés actions russes et vous propose un outil très simple pour en profiter. Un pari très maîtrisé qui est à retrouver dans Trades Confidentiels]

Ma réponse :

Bonjour,

Cet article me paraît complètement à côté de la plaque. Il présente la Russie comme un pays agressif alors que ce n'est pas du tout le cas. Il inverse les rôles entre l'OTAN et la Russie. Ce n'est pas la Russie qui entretient des bases militaires partout dans le monde et particulièrement aux frontières européennes de la Russie. La Russie n'est pas intervenue militairent en Ukraine : si elle décidait de le faire, la résistance ukrainienne ne durerait pas plus de 2 jours. Elle n'a pas annexé la Crimée, c'est le peuple qui a exigé un référendum et qui a voté pour le rattachement à la Russie, quand Porochenko, homme de paille de l'OTAN , installé par coup d'état américain, a décrété l'interdiction de la langue russe : car la Crimée avait toujours été russe. En ce qui concerne le moyen orient : au sujet de la Lybie, Poutine était opposé à toute intervention; en ce qui concerne la Syrie, ce n'est pas lui qui a déstabilisé Assad, mais bien les USA par le biais des islamistes composés de mercenaires rémunérés par les ONG américaines. Cet article ne fait que relayer la propagande des Etats-Unis et de l'Otan, dans le cadre de la stratégie du chaos. Ce n'est pas Poutine qui arme les islamistes, mais bien les USA. Ce sont les ONG américaines qui envoient les migrants en Europe : un pays vidé de ses habitants est plus facile à investir et à dépouiller de ses matières premières.

En ce qui me concerne, je garderai toujours en mémoire que les USA ont reconnu avoir dépensé 5 milliards de dollars pour déstabiliser l'Ukraine et que la déléguée US, Victoria Nuland, a eu cette parole très distinguée : "Fuck the U.E."

Nos gouvernants sont eux-mêmes asservis à l'OTAN. Poutine ne fait que défendre et protéger son pays et il le fait bien. J'aimerais que nos gouvernants soient aussi dévoués à leur pays que Poutine l'est pour le sien.

J'espère que vous éviterez à l'avenir de publier ce genre de propagande car je me ferai un devoir d'y répondre dans mon blog : http://charlesandrelegrand.over-blog.com/

A bonne entendeur...

Emetteur de la lettre :

De : La Quotidienne de la Croissance [mailto:quotidienne@publications-agora.fr]
Envoyé : jeudi 2 juin 2016 12:32

Lettre suivante :

Vendredi 3 juin 2016

Retour sur la Russie
La meilleure manière de soutenir l'avènement de la voiture élect
rique

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Retour sur la Russie
Cécile Chevré

Cher lecteur,

Que s'est-il passé sur les marchés actions depuis hier ? C'est ce que nous allons voir avec Mathieu Lebrun qui revenait sur la séance dans Agora Trading :

Plus que la réunion de la BCE (d'où aucune "nouveauté" n'est ressortie), c'est surtout le statu quo et l'absence de plafond de production lors de la réunion de l'OPEP qui a un peu affecté les marchés en début d'après-midi. Mais sur l'or noir, comme on le constate dernièrement, "ça va, ça vient".

La publication du stock hebdomadaires de brut, en baisse moins marquée que prévu (-1,4 million de barils contre -2,5 millions attendu par le consensus Bloomberg), a fait remonter les cours à proximité des 49 $.

Aujourd'hui, le CAC 40, en hausse, tente de repartit à l'assaut des 4 500 points. Brave petit soldat !

Après l'article de Karim Rahemtulla sur la Russie, j'ai été submergée d'un tombereau de mails d'insultes. Je m'y attendais, cela ne m'a pas surprise mais, comme à chaque fois, je suis étonnée par la verdeur des propos de certains lecteurs.

Je me permets de vous en livrer un exemple significatif (et sans retouches) :

La petite propagande de monsieur Karim Rahemtulla, qu'en Russie en 1982 les gens faisaient la file pour un bout de pain, c'est ma main dans sa gueule que je vais mettre, quel connard celui-là, pour qui se prend-t-il, qu'il va aux Etats-Unis la il y en a 100 millions de crève la faim, en Russie si tu meurs de faim c'est que tu le veux bien, jamais en Russie on ne mourrait de faim en 1982, quel imbécile celui-là, arrêter votre propagande antirusse et anti-Poutine, car Poutine est un exemple c'est le seul en 7 ans qui relever la Russie au premier rang mondiale (car après la chute de l'URSS les amerloques ne donnaient pas cher pour la Russie et pensaient y entrer, mais bien dans le troufion) et surtout maintenant avec leurs nouvelles technologie même les Etats-Unis essaye de mettre le monde entier contre la Russie, mais c'est fini se temps là, point de vue armements les Russes ont dépasser les amerloques car plus sophistiquer et là il a des preuves que les médias occidentaux ne parlent pas, c'est mieux de parler du mal de la Russie !

Le débat contradictoire est plus que bienvenu mais je préférerais vraiment qu'il s'accompagne d'une certaine courtoisie dans les propos.

L'ampleur des réactions et des accusations a été telle que je n'ai pas pu m'empêcher d'en faire le sujet des Marchés en 5 Minutes d'hier soir.

Et tout d'abord pour insister sur un point : c'est mal nous connaître – et ne pas nous lire – que de nous accuser de complaisance envers les Etats-Unis. Pas un jour, pas une analyse, sans que Bill Bonner ou Jim Rickards n'éreintent les dirigeants américains, leurs choix, leurs décisions, leur incompétence ou ne pointent du doigt l'état de l'économie américaine. De la complaisance envers leur pays ? Vraiment ?

Ensuite, les avis des rédacteurs des Publications Agora sont loin d'être unanimes sur l'avenir de la Russie.

Si, de mon côté, je penche plutôt du côté des arguments de Karim (tant que la Russie ne sera pas parvenue à plus fortement diversifier son économie, y investir me semble aléatoire), Jim est plus optimiste, comme il l'explique dans Trades Confidentiels :

Actuellement tout indique que les relations russo-américaines entrent dans une nouvelle phase de dégel après deux années glaciales. Cette nouvelle ère de coopération entre les Etats-Unis et la Russie s'articule essentiellement autour des efforts conjoints des Présidents Obama et Poutine pour mettre un terme aux hostilités en Syrie et faire en sorte que le président syrien Bashar el-Assad quitte le pouvoir.

Quels autres facteurs entrent dans cette équation et nous permettent de prévoir, avec un indice de confiance élevé, l'orientation que l'économie russe et le rouble vont prendre ?

Une liste déjà conséquente de facteurs tangibles s'allonge de jour en jour :

- Les prix du pétrole enregistrent un rebond. Ils sont passés d'un plus bas à 29 $ le baril à près de 50 $ le baril à l'heure actuelle. C'est une bouffée d'air frais considérable pour la Russie.

- L'Iran est à nouveau en mesure de faire du commerce, après avoir conclu avec les Etats-Unis un accord portant sur le nucléaire. De nombreuses sociétés américaines et européennes sont réticentes à revenir sur le marché iranien car il demeure une ambiguïté concernant le champ de cet assouplissement des sanctions. La Russie n'a pas ce genre de réticence. Elle avance sur des accords portant sur l'énergie nucléaire, l'armement, le raffinage et d'autres infrastructures.

- En fait, la faiblesse du rouble a aidé les entreprises russes à maîtriser leurs dépenses, dans la mesure où la conversion de leurs recettes réalisées en dollars a généré plus de roubles, et a permis de couvrir leurs coûts d'exploitation sur le territoire national. Cela a boosté les résultats de la plupart des principales sociétés russes.

[...]

- Comme le dollar a perdu de sa vigueur, les prix d'autres matières premières commencent à augmenter. La Russie est un grand exportateur de nickel, de palladium, de fer et de bois.

- Les alliés des Etats-Unis, notamment l'Allemagne et la France, sont las du régime des sanctions et cherchent des opportunités afin de reprendre leurs relations habituelles avec la Russie.

En bref, tous les facteurs qui étaient défavorables à la Russie entre 2014 et 2016 (le pétrole à bas prix, le dollar fort, les sanctions et le faible prix des matières premières) jouent désormais en sa faveur.

D'ailleurs, Jim vous a recommandé un moyen pour investir sur la reprise russe à long terme. A découvrir dans Trades Confidentiels.

Ceci précisé, intéressons-nous au programme de la Quotidienne du jour, à savoir les voitures électriques. Mais aussi les batteries. Les sous-marins... et...

... Eh bien, je vous laisse découvrir tout cela.

Bonne nouvelle, le sujet est suffisamment consensuel pour m'éviter une nouvelle bordée de mails insultants. Je vous avoue avoir eu ma dose après l'article de Karim ou celui sur le réchauffement climatique.

Bon week-end à tous, et à lundi !

Ma réponse :

Bonjour,

J'ai encore une observation importante à vous faire.

"Actuellement tout indique que les relations russo-américaines entrent dans une nouvelle phase de dégel après deux années glaciales. Cette nouvelle ère de coopération entre les Etats-Unis et la Russie s'articule essentiellement autour des efforts conjoints des Présidents Obama et Poutine pour mettre un terme aux hostilités en Syrie et faire en sorte que le président syrien Bashar el-Assad quitte le pouvoir."

Je vous ai écrit hier (en termes courtois et en bon français) au sujet des propos envers la Russie. J'ai mis la phrase ci-dessus en évidence car c'est encore un mensonge. Poutine ne lâchera jamais Assad pour la simple raison que Assad est un président élu et que c'est au peuple syrien de décider de son sort et non pas à des pays étrangers. Assad ne quittera pas le pouvoir car il a son peuple derrière lui. Il ne partira que si ce dernier le lui demande à l'occasion du prochain référendum envisagé.

Cette phrase laisse entendre qu'Assad n'est pas recommandable, ce n'est pas l'opinion de son peuple. Pour vous réinformer, je vous conseille le site : http://reseauinternational.net/ Vous y trouverez les vidéos et traductions des discours de Vladimir Poutine et de Sergueï Lavrov, son ministre des Affaires étrangères.

Dans votre lettre d'aujourd'hui, vous citez une lettre qui ne mérite pas la publicité que vous lui faîtes, j'imagine qu'il doit y en avoir d'autres qui pourraient montrer que vos lecteurs ont un niveau un peu plus relevé.

Salutations distinguées

Charles André Legrand

Bref, maintenant, il faut faire valoir qu'il n'y a pas que des rustauds pour dénoncer la propagande anti Russie.

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