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Lettre au futur président de la République

Publié par Legrand

Rosier Iceberg.

Rosier Iceberg.

Lettre au futur Président de la République Française

Le 18 juin 2015, j'ai adressé une lettre à l'un des candidats à la présidence de la République en 2017. Il m'a répondu. Je publie cette lettre en la dépersonnalisant afin de m'adresser à tous et de laisser à chacun la liberté de deviner qui en est le destinataire et la liberté de choisir librement.

Monsieur le Député, Monsieur le Ministre,

L'actuel mandat présidentiel va arriver à son terme (encore près de deux ans...) et nous assistons au déclin de la nation et à l'appauvrissement des Français, à cette paupérisation qui devait sonner la fin du capitalisme, selon Karl Marx, paupérisation qui, paradoxalement, sonne la fin prévisible et souhaitable de ce qui sera le dernier mandat socialiste avant longtemps. Qui en redemanderait?

La période des "primaires" approche, il est temps, pour les candidats, d'affiner leurs positions vis à vis des enjeux qui s'annoncent pour notre pays. Si les Français savent maintenant, hélas, ce que peuvent valoir certaines promesses électorales, je trouve dommage que les deux principaux partis politiques aient renoncé à définir une ligne unique, forte, soutenue par l'ensemble des adhérents et en harmonie avec les aspirations des Français. Je ne penche pas pour le dogmatisme, mais j'aurais préféré la définition commune, à l'intérieur des partis, d'un projet politique élaboré en commun et représentatif d'une formation soucieuse d'union et d'efficacité (par opposition à des idéologies appliquées, aux effets douteux). Lors des primaires, chacun doit se différencier, se singulariser, bref, se vendre dans un cadre concurrentiel au sein même du parti. Cela devient un exercice de communication qui peut prendre plus d'importance que le programme lui-même, tandis que les problèmes se complexifient, se rapportent à la géopolitique, à la macro économie, etc., les points de vue se diversifient ainsi que les solutions envisageables, il est beaucoup plus difficile de trouver des accords que par le passé.

Toutefois, je garde un dernier espoir, celui d'élire un président honnête, courageux et sincère qui saura insuffler à notre pays et à l'union européenne l'énergie et surtout la clairvoyance qu'il manque à leurs dirigeants actuels, asservis à l'OTAN.

Notre vie politique se calque sur le modèle américain, ce qui n'est pas glorieux, puisque l'Amérique n'est qu'un semblant de démocratie, il suffit de voir le nombre d'abstentionnistes. Le rapprochement des échéances électorales ne favorise pas les politiques de long terme, la présidentialisation ne va pas dans le sens d'une démocratie équilibrée. Le cas de George W. Bush et de l'invasion de l'Irak est l'exemple parfait d'une décision présidentielle autant criminelle et crapuleuse que géopolitiquement catastrophique, prise en dépit des avertissements divers, notamment celui de la France, à l'ONU. Les instances internationales ont été ignorées et bafouées (absence de consultation du Conseil de Sécurité de l'ONU). C'est ce "modèle" américain qui prétend vouloir s'imposer sur la terre entière! Un seul candidat à la primaire, un ancien Premier Ministre a récemment fustigé la politique américaine dans le monde et au Moyen orient et la suprématie du dollar. Ce langage me convient, tandis qu'un autre ancien Premier Ministre du même parti a raillé "l'actuelle crise de russophilie", je vois là une erreur de jugement patente, et l'indice de l'abandon de notre souveraineté nationale, au profit d'un "atlantisme" servile.

Les Américains étaient retournés chez eux, le général de Gaulle avait retiré notre pays du commandement intégré de l'OTAN, il avait échangé notre surplus de dollars contre des lingots d'or et rendu à notre pays sa souveraineté nationale, sa prospérité et son honneur. Que reste-t-il de tout cela? Une partie de notre or a été vendue, la France est devenue vassale de l'OTAN, les USA fomentent des troubles dans tous les endroits possibles pour assurer leur hégémonie par le biais du chaos et nous voyons se développer une nouvelle campagne d'implantation de bases américaines en Europe, comme après la seconde guerre mondiale! (Voir à ce sujet la récente déclaration d'intentions de Jeb Bush, candidat à la prochaine présidentielle américaine). Je ne m'étendrai pas sur cette politique américaine, j'essaierai de faire court : on ne parle plus que de dispositifs militaires, de guerres en cours ou à venir ; au lieu de lutter contre les islamistes, les USA (et leurs complices au Moyen orient) les arment et les conseillent avant de bientôt imposer au monde de dialoguer avec eux! Un double jeu masqué par quelques "faits d'armes" épisodiques, peu risqués en raison de l'utilisation de drones, et marqués par une absence de discernement fréquente et notoire.

De Gaulle avait évoqué "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural", expression citée par Vladimir Poutine il y a quelque mois au cours d'une interview, alors que l'Europe, inféodée à l'OTAN, a décrété des sanctions contre la Russie à propos de l'Ukraine et de la Crimée, l'Ukraine elle-même frappée par une crise fomentée et attisée par les USA. Vladimir Poutine ne fait que réagir aux instigations américaines, de manière préventive, défensive, par des réponses appropriées et mesurées, en se montrant favorable à une Europe forte, mais bien évidemment libre de toute occupation par les forces de l'OTAN, notamment aux abords de son pays, ce qui est parfaitement légitime. Nous nous affaiblissons nous-mêmes, en nous ridiculisant, particulièrement avec l'affaire du Mistral, dans laquelle la France se montre incapable d'honorer son contrat dont elle a été rémunérée alors que les USA ne se gênent pas pour continuer de commercer avec la Russie. Livrer les Mistral aurait été une attitude logique, absolument irréprochable.

"Faites ce que je dis, pas ce que je fais", tel est le principe inique qu'ils appliquent, sans aucune retenue, sans vergogne et auquel l'Europe se plie.

En plus de cela, la France vassale (comme les autres pays de l'U. E.) a décliné l'invitation du Président Poutine d'honorer la victoire de la Russie sur le nazisme, alors qu'en 2014, elle avait reçu le Président américain sur les lieux du débarquement, en présence de Vladimir Poutine qui nous avait honoré de sa présence. Cette attitude de la France est inqualifiable et nous inspire la colère et la honte, eu égard au sacrifice consenti par la Russie en nombre de vies humaines, sans commune mesure avec le sacrifice américain alors qu'on ne parle jamais (ou si peu) de l'ampleur des dommages collatéraux abusifs propres aux bombardements US, notamment en Normandie, pour ce qui concerne la France.

Nous avons élargi l'Europe trop vite et inconsidérément sous la pression perfide des Etats-Unis. Dans la perspective d'une monnaie unique, nous aurions dû constituer d'abord un noyau restreint et solide, harmoniser nos politiques, nos économies et nos fiscalités avant d'ouvrir la porte à de nouvelles adhésions qui auraient été conditionnées à un accord uniformisé, sans exception, et consenti sur des options communes du genre de celle de notre rapport à l'OTAN. L'Allemagne, soutenue par les USA, a toujours été favorable à l'OTAN et au maintien de ses bases aériennes et la question-clé aurait dû être la création d'une armée européenne indépendante. On aurait pu aussi limiter l'usage de l'euro aux transactions internationales (marchés financiers et internationaux, par exemple) et maintenir les monnaies nationales au lieu de les supprimer totalement. Le cas de la Grèce serait moins crucial et sa résolution n'aurait pas pris tout ce temps qui n'a fait que durcir le problème et amplifier l'appauvrissement de ce pays qui n'aurait jamais dû entrer dans la zone euro, alors que ses difficultés, camouflées par la banque américaine Goldman Sachs, étaient connues au plus haut niveau européen.

Le choix entre une Europe des nations et une Europe fédérale n'a jamais été effectué de manière claire et précise, ce qui constitue une complication très sérieuse. Une Europe des nations n'est pas compatible avec une monnaie unique, quand les politiques nationales sont hétéroclites. Nous avons besoin d'un euro sain et solide (je n'ai pas dit "fort", mot qui recouvre un rapport comparatif, notamment au dollar) structurellement, face au dollar et au yuan, lequel tend à réduire l'hégémonie du dollar. Il est sans doute temps de régler cette question une fois pour toutes avant que l'Europe n'implose. Le problème a pris de l'ampleur avec l'augmentation du nombre de pays adhérents à l'Union Européenne et à l'euro. Les questions non résolues deviennent des problèmes de plus en plus compliqués et les conséquences plus lourdes. Peut-on envisager encore un nouveau traité? On peut en douter.

La crise de 2008 a ouvert la voie à une nationalisation des dettes et des pertes : transfert des pertes privées dans le domaine public. Le passage à l'Europe fédérale est suggéré par la nécessité du traitement de la dette : il a consisté à d'abord sauver les banques, parfois peu regardantes sur la qualité de leurs placements financiers (ni au plan de l'éthique), mais les structures et les mentalités ne sont pas encore prêtes à formaliser une disposition fédérative (Bons du Trésor européens et non plus nationaux), notamment en Allemagne. L'Europe des nations restait valable sans la monnaie unique puis la crise américaine, laquelle n'est pas encore terminée, loin s'en faut.

Au plan économique, depuis que Nixon a rompu unilatéralement les accords monétaires basés sur l'étalon or, et que les Etats sont obligés de se financer auprès des marchés, notre économie n'a fait que se dégrader, nos industries florissantes ont disparu et l'emploi est devenu une rareté accompagnée de précarité. Nous payons la facture de la politique dispendieuse et guerrière des USA sans même qu'ils aient besoin de présenter quelque facture que ce soit. Nous sommes leur jouet, l'Europe est leur terrain de jeu dont ils n'ont que faire (suivant les propos édifiants d'une déléguée américaine sur le sujet de l'Ukraine et dont le rappel de son nom ne servirait qu'à lui conférer une importance et une notoriété imméritées).

Depuis Ronald Reagan et Margaret Tatcher, et même sous Bill Clinton, les dérégulations successives ont conduit à la crise des subprimes puis à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd'hui. Qu'ont fait les gouvernants pour remédier à la mainmise de la finance sur l'économie mondiale? Quelles mesures ont été prises vis à vis du trading à haute fréquence et la prolifération des produits dérivés menaçants (700 000 milliards de dollars, soit 10 fois le PIB mondial!)? Sinon rien, pas grand chose. Je ne parlerai pas de l'appauvrissement auquel nous sommes soumis et qui ne fait que commencer, car il faut maintenant rembourser les dettes. Malheureusement, la méthode utilisée ne peut pas entraîner la guérison, mais le développement de la maladie, car la montagne de dettes (impossible à résorber sauf en cas de dissolution dans l'hyperinflation) ne fait qu'augmenter et, un jour ou l'autre, les taux des obligations souveraines à leur tour, ce qui alourdira le service de la dette, etc.

Ce sont des paramètres que vous connaissez, bien évidemment, mieux que moi-même, je n'insisterai pas. Toutefois, je souhaite encore préciser mon point de vue.

La réduction du PIB n'est qu'un pis-aller, reflète la réduction de l'activité et l'appauvrissement de la nation tout en grossissant le ratio de la dette. Pourtant, des économies restent à envisager au niveau du train de vie de l'Etat, qui demeure quasiment inchangé depuis le temps des colonies malgré la réduction des recettes due à l'augmentation du chômage et du recul industriel. De Gaulle dénonçait les "comités Théodule". Au lieu d'en réduire la quantité, on en crée sans cesse de nouveaux. Le secteur public représente 57% de notre économie et fonctionne à crédit, nous ne pouvons plus continuer ainsi. Vous en êtes parfaitement conscient. C'est la même problématiques que les niches fiscales : tout le monde les dénonce, mais personne n'y touche.

J'ai 72 ans, je suis retraité et j'ai connu l'époque du plein emploi, mais aussi le début de l'accroissement du chômage à partir de 1974, avec l'instauration du système des licenciements pour raison économique. Je ne suis pas un économiste, ni un spécialiste en politique ou quoi que ce soit, seulement un citoyen qui essaie de se maintenir informé, effaré devant la trajectoire qui est la nôtre : la descente aux abîmes. Les emplois perdus ne réapparaîtront pas : ils sont perdus, puisque les entreprises remplacent les hommes et les femmes par des robots, dès qu'elles le peuvent.

Nous ne supportons plus les mensonges, les Français veulent qu'on leur dise la vérité, car la vérité, ils la connaissent : les mesures sont inefficaces, les gouvernements sont impuissants, le problème est mondial, son traitement doit passer par un nouveau système monétaire planétaire en vue d'un rééquilibrage des économies.

Le dollar est déjà en train de perdre sa suprématie. Et c'est justement ce que les USA ne veulent pas, c'est une des raisons pour lesquelles ils sèment le chaos dans le monde, ils n'entendent pas renoncer à ce "privilège exorbitant", dénoncé en son temps par de Gaulle et Jacques Rueff. Mais il nous faut résister. J'en appelle à l'esprit de résistance, sinon nous n'échapperons pas à la révolte, voire à une nouvelle guerre mondiale. Seule une résistance nationale peut unir les gens et les détourner d'une révolution qui ne pourrait être que négative et douloureuse, ou d'une soumission qui ne vaudrait pas mieux. Encore faut-il que le représentation nationale devance de tels événements plutôt que de dissimuler la réalité par le biais des médias subventionnés par l'Etat, qui présentent encore la Russie comme le diable et les USA comme l'ange salvateur, les éternels sauveurs de la planète, comme cela se passe aux USA, alors qu'en réalité ils en sont les premiers destructeurs et exploiteurs outranciers, des va-t-en-guerre impénitents et impunis qui mériteraient d'être poursuivis par les tribunaux internationaux.

J'ai beaucoup regretté qu'en 1995, quand Jacques Chirac a été élu, ce dernier n'ait pas proposé un rassemblement national, étant donné qu'il avait été élu avec l'apport conséquent des voix de gauche. Il a préféré dissoudre l'Assemblée avec la suite que l'on connaît. Un signal fort aurait peut-être pu être donné pour une marche vers une nouvelle façon de concevoir l'exercice de la politique, en harmonie avec les espérances de la nation. Par la suite, ce ne fut que remise en cause par les uns de ce qu'avaient fait les autres, bref, la politique à court terme axée davantage sur la communication (voire le mensonge) que sur l'efficacité. Ce mixe d'allers et retours avait déjà commencé sous François Mitterrand, lors de la première cohabitation.

Les Français ne veulent plus de cette façon d'agir. Ils n'attendent plus rien des partis politiques, ils sont dans la désespérance. Personne ne veut de la cohabitation, pas plus que la présidentialisation à l'américaine, nous voulons la coopération, le travailler ensemble dans l'intérêt collectif de la nation. L'Assemblée nationale ne reflète pas cet état d'esprit et nous y entendons trop d'invectives. Elle apparaît trop souvent comme une arène théâtrale, un lieu de joutes oratoires. Il est parfois utile et nécessaire de parler haut et fort, encore faudrait-il que les idées exprimées soient fortes et porteuses d'avenir, mais combien de fois cela ne sert-il qu'à confronter davantage les égo plutôt que des idées nouvelles ou novatrices, à s'entredéchirer indéfiniment? Toute cette énergie dépensée est vaine puisqu'elle se résout au final dans l'article 49.3 de la Constitution qui marque l'échec du débat démocratique auquel se substituent les procédures, le jeu des alliances et des compromissions...

J'ai souvent réfléchi à la question de savoir quel pourrait être un contrat souscrit entre le gouvernement et le peuple pour sceller un projet, un plan politique à plus ou moins long terme, indépendamment des échéances électorales. Notre système ne permet pas un tel contrat. Pourrait-il seulement s'avérer possible? Il le faudrait, pourtant, et je ne vois que l'utilisation du référendum, lequel donnerait au gouvernement les objectifs à atteindre et les moyens d'y parvenir dans la durée. Cela nécessiterait une réflexion assidue de la part de l'ensemble de la classe politique, à l'écoute des Français, pourquoi ne pas essayer? Personne n'a la science infuse, pas davantage ces Prix Nobel en économie que ces tribuns dans l'hémicycle.

Je ne dis pas "un dialogue de Mélenchon à Dupont-Aignan", comme le précise Pierre Chevènement, car je situe mon propos par-delà les partis constitués, sans les confondre, tout en les respectant, bien qu'ils donnent souvent le sentiment qu'ils n'agissent que pour eux-mêmes.

Je suis un européen de la première heure, mais j'en viens à détester cette Europe qui nous coûte cher et qui se mêle de ce qui ne la regarde pas (comme ce catalogue des tomates dont vous devez avoir entendu parler, ou autres dispositions incongrues qui nous empoisonnent la vie) et qui s'apprête à nous lier aux USA par le Traité Transatlantique dont les gens bien informés dénoncent fort pertinemment le genre de contraintes qu'il nous imposerait : nous voyons déjà les amendes exorbitantes infligées aux banques françaises par le seul fait de l'application du droit américain! Ce sont déjà des avertissements!

Cette Europe n'est pas démocratique, elle méprise les peuples et elle n'est plus acceptable. Les USA ne sont pas la nation de la liberté, comme ils le prétendent : ils tournent le dos à la statue qui la symbolise, et à la liberté elle-même. En ce qui concerne l'immigration, j'en viens à découvrir qu'il y aurait derrière ces mouvements de peuples une volonté organisée, une action concertée de dépeuplement de régions riches en ressources minières ou gisements d'énergies fossiles... Les "ONG étrangères" font le sale boulot en sous-main.

La question du conflit israélo-palestinien doit être réglée et pour ce faire, il ne faut pas craindre d'affronter la politique sioniste belliqueuse (suivant l'adjectif utilisé jadis par le général de Gaulle). Contrairement à ce qu'affirmait Manuel Valls devant le CRIF au lendemain des attentats de janvier, afficher son antisionisme n'a rien à voir avec l'anti-sémitisme, vocable dont il y aurait lieu de repréciser le véritable sens, si vraiment il y en a un à ce mot, ce dont je doute. Les sionistes ont été les premiers pourfendeurs du judaïsme, lequel s'oppose traditionnellement au sionisme, c'est à dire au premier mouvement politique raciste dit antisémite (premier congrès tenu en 1897). Qualifier les antisionistes d'antisémites relève d'une fourberie qui s'alimente à l'ignorance ordinaire, savamment entretenue par de nouvelles lois destinées à imposer le silence. Les Français ne sont pas antisémites, mais la colonisation est un problème crucial qui empêche toute résolution du conflit. Que reste-t-il des frontières palestiniennes d'avant 1967? Une misère! Pouvons-nous accepter ce fait et la politique d'apartheid qui s'est installée? Pour l'avoir accepté, le conflit s'est exporté en France et les USA n'ont aucune volonté de régler cette question. Nous sommes impliqués malgré nous et nous devons nous positionner clairement.

En ce qui concerne la religion musulmane, plutôt que de parler de transformation des églises en mosquées, ou de construction de nouvelles mosquées, avec la question des financements y afférents, ne conviendrait-il pas mieux d'envisager un partage des lieux de culte, comme cela s'est déjà fait à Clermont-Ferrand? N'est-ce pas une question à approfondir, pas seulement par l'Etat, mais surtout par les communautés religieuses, elles-mêmes? C'est une affaire d'accords locaux volontaires et libres de la part des communautés, pas de contrainte étatique. La France est une terre chrétienne et elle doit le rester, tout en sachant accueillir, mais elle ne doit pas se laisser envahir.

Ce serait une véritable preuve de la volonté de vivre ensemble, en même temps qu'une rectification cordiale du récent propos maladroit de Dalil Boubakeur sur ce sujet.

Sur les questions de société, je ne m'étendrai pas : il faut recourir au système du référendum. L'erreur de la politique est de lier le destin du gouvernement à la réponse au référendum. Si le chef de l'Etat dit : "c'est le peuple qui décide et lui seul, le président ne fait que se plier au choix du peuple", il peut même ne pas se prononcer et laisser les partis et les partisans débattre entre eux, si cela se passe ainsi, il n'y a aucune crainte à avoir en face du référendum : c'est l'exercice de la démocratie en correspondance avec sa définition.

De quel droit pourrait-on penser que le peuple n'est pas suffisamment évolué pour voter en son âme et conscience? En raison de quoi faudrait-il l'infantiliser, le "rassurer" sans cesse, alors qu'il n'est pas dupe? Le peuple veut être informé, il ne supporte plus d'être traité en irresponsable et privé délibérément et en permanence des informations essentielles qui le concernent. Les élus ne sont pas mandatés pour ignorer le peuple, pour s'en faire le premier ennemi, taxable à merci, espionné et surveillé, mais pour l'écouter, au sens vrai, encore moins pour le désinformer ou l'endormir car, tôt ou tard, il se produit un réveil qui peut être brutal.

Au sujet des retraites, j'ai une propension à penser que le système actuel, tel qu'on le traite, est condamné, puisqu'on augmente l'âge de départ à la retraite tandis que les entreprises n'embauchent plus au-delà de 50 ans : on ne fait que reporter les dépenses de retraite sur le coût du chômage. Je vois une possibilité de rémission si l'on fait le calcul suivant : pour faire simple, considérons l'âge de départ à 60 ans. Le salarié pourrait continuer de travailler en y étant incité de différentes façons (majoration du salaire, par exemple) : l'entreprise paierait un minimum de 50% du salaire et la caisse de retraite uniquement 50% de la pension qui serait normalement versée (ou les autres 50% du salaire normal, par exemple, tout autres proportions envisageables, suivant ce que serait le montant de la pension de retraite, par rapport au salaire). Avec la différence de salaire, la société pourrait embaucher un apprenti correctement rémunéré, pour une bonne motivation. Le salarié et l'apprenti resteraient des cotisants. Le salarié pourrait partir quand il le souhaiterait et il ne serait pas nécessaire de faire appel à d'importants financements par l'Etat, puisqu'ils ne seraient plus que des ajustements ponctuels et éventuels. Je ne dispose pas de chiffres pour étayer une telle disposition, mais je pense que cela pourrait être une voie à étudier par des gens compétents (en évitant les polytechniciens spécialistes d'usines à gaz, du genre de Christian Eckert... J'ai proposé cette idée aux socialistes, bien avant 2012 : aucun écho ne m'est parvenu). La démarche consiste à faciliter l'embauche des jeunes, de les former dans l'entreprise et ainsi d'accompagner une reprise économique qui pourrait peut-être gagner le soutien du patronat et des salariés, qui ne seraient pas lésés. Dans le même temps, en permettant l'apprentissage dès 14ans, les classes seraient soulagées des décrocheurs qui empêchent les bons élèves de travailler.

En ce qui concerne les 35 heures, cela correspond à 5 jours de travail de 7 heures par jour. Voilà posé le principe élémentaire auquel il aurait été convenable de souscrire sans rien y ajouter d'autre que ce qui existait déjà. Mais l'idée était de créer le partage du travail afin de réduire le chômage. Idée réaliste ou pas, peu importe, l'erreur absolue a été de rendre le système instauré obligatoire pour toutes les entreprises : il fallait obliger les patrons à embaucher! Le principe des RTT et celui du blocage des salaires furent instaurés à cet effet avec les conséquences inverses de celles espérées : les semaines de 35 heures devinrent des semaines de 39 heures et parfois plus, sans hausse de salaires.

Avant les 35 heures, la loi de Robien fonctionnait mais coûtait cher à l'Etat. Sa suppression pure et simple était possible en laissant les 35 heures (5 fois 7 heures) et la liberté aux entreprises de composer avec ce principe générique, non perverti par une usine à gaz qui mécontente tout le monde, même les salariés puisque le temps laissé libre et qui devait être (idéologiquement) consacré aux loisirs et aux activités culturelles conduit les gens dans les supermarchés pour constater que les hausses de prix ne leur permettent pas d'acquérir les objets dont on leur crée le besoin, comme le marketing sait si bien le faire.

Voilà les points particuliers dont je voulais vous entretenir. Aujourd'hui, une communication correcte exige beaucoup de clarté et de précision, en raison de la complexité croissante des événements, de leur compréhension et de leurs interprétations (ce que je ne prétends pas détenir de manière parfaite). Aussi, j'espère que vous me pardonnerez de n'avoir pu être plus bref.

Pour conclure, j'insisterai sur cet esprit de résistance dont la France et l'Europe ont besoin pour dessiner leur renouveau. Pour ce faire, il n'est pas inutile de rappeler la figure du général de Gaulle, fort décrié en son temps, mais dont les idées maîtresses, une fois encore, peuvent sortir notre nation de l'asservissement, de l'occupation et du déshonneur.

Son héritage, et même ses intonations oratoires ont été utilisés un peu à toutes les fins par les uns et par les autres, mais l'héritage reste clair sur des points précis qu'il serait judicieux de rappeler comme la différence qui existe entre l'Alliance atlantique, d'une part, et l'intégration dans le commandement intégré de l'OTAN, d'autre part, sur la différence qui existe entre une monnaie fiduciaire fondée sur la dette et une monnaie sonnante et trébuchante comme l'est l'or.

Je serai attentif à vos paroles sur ces sujets car elles décideront de mon choix définitif, voire de ma décision d'aller voter ou pas. Pour l'heure, je vous accorde ma confiance car je vous crois foncièrement honnête au travers des idées claires et fortes que vous exprimez et que je partage. J'ai conscience, cependant, que pour des raisons diplomatiques, certaines précautions doivent être prises au niveau de l'expression, mais nous avons en face de nous des va-t-en-guerre et il faut aussi faire preuve de fermeté.

Je suis persuadé que les Français seront derrière vous et à vos côtés si vous persévérez à tenir avec force ce langage de vérité, de renouveau politique, et qu'ils vous donneront les moyens de mener à bien votre action future appuyée sur des bases pérennes.

Je vous prie d’agréer, monsieur le Ministre, Monsieur le Député, l’expression de mes sentiments respectueux.

Charles André Legrand

http://charlesandrelegrand.over-blog.com/

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