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Y1 14 La sculpture et l'application des nombres

Publié par Legrand

 

14 - LA  SCULPTURE

ET  L’APPLICATION  DES  NOMBRES  DANS  L’ARCHITECTURE

 

LA  SCULPTURE  ET  LA  NUMEROLOGIE

 

           Autant il est facile de comprendre que les sculptures romanes des chapiteaux et des frontons dans les églises gallo-romaines sont un livre ouvert par le clergé pour exprimer les mystères de la religion, autant il est moins apparent que la numérologie soit présente dans les édifices gothiques. C’est ainsi que le nombre trois est en lien direct avec la Trinité et la Jérusalem Céleste, qui possède trois portes dans chacune de ses quatre murailles, comme les cathédrales possèdent trois portes. Le huit couché représente l’infini (); il faut donc com-prendre que le transept sud de la cathédrale de Soissons possède une corniche où ce motif (), qui se répète un grand nombre de fois, n’est là que pour représenter l’INFINI. De même, les baies au nombre de trois et sur trois niveaux, ainsi que les arcades, regroupées par trois dans des espaces définis par le demi hexagone, ce nombre trois n’est pas là par le fait du hasard. Il faut y voir l’utilisation de la numérologie, science que savaient lire les chrétiens du douzième siècle. A signaler que la science de la numérologie, je l’ai découverte à 80 ans grâce à M. Martinet, que je remercie ici vivement (voir le dossier "La Jérusalem Céleste" au sujet du cube 12 x12 x 12 dont la réalisation elle aussi, ne peut être que volontaire).

           Voir la vue intérieure du transept sud (avec la corniche composée de dans le chapitre 20 B).

 

EVOLUTION  DE  LA  SCULPTURE

EGLISE  ABBATIALE  de  MORIENVAL

 

           ETUDE DES CHAPITEAUX :

 

           L'étude de la sculpture des chapiteaux des édifices de l’Isle de France doit permet-tre une datation beaucoup plus précise que celle qui est fournie et qui consiste à mettre tout dans le même panier, celui du douzième siècle, et doit préciser, à quelques années près, les dates d’exécution.

           Prenons l’exemple des chapiteaux de l'église de Morienval, ils peuvent s'avérer très riches en informations. En effet, connaissant avec une quasi certitude la date de 920 pour la réalisation du premier édifice, la date de l'ouverture du chantier et celle de fin du chantier de la reprise du chœur, soit 1122/1125, en l'état actuel, la réalisation des sculptures des chapiteaux se trouve comprise entre ces deux dates : 920 et 1125. On peut dire que ça n'est pas très précis sauf qu’entre 920 et 1120, on se trouve pratiquement devant des chapiteaux de style ou d'esprit roman, représentatif de cette période par des scènes de la religion (de la vie du Christ) ou de la représentation de monstres de l’enfer, caractérisée par des monstres anthropomorphes. Par ailleurs, entre 1120/1125, période de construction du chœur, les chapiteaux des colonnes peuvent être datés avec précision et fournir le départ d’une classification. Les dates intermédiaires proposées ont une importance moindre étant donné que, pendant cette période, les évolutions sont probablement lentes. Il est, cependant, bien dommage que les propositions de date faites par les archéologues soient si imprécises, ce qui ne facilite pas l'étude sur les travaux de datation : durant cette période, très peu de bâtiments sont datés avec un tant soit peu de précision. Pour Morienval la première campagne est fixée en 1050, la deuxième, en 1060 et la troisième, en 1120/1125. Une étude plus précise permettrait peut-être d'établir, en fonction de leur place dans l'édifice, une datation des sculptures des chapiteaux : les chapiteaux sont décorés de sculptures, tant ceux de la nef que ceux du chœur.

           On peut supposer que depuis les années 920 jusqu’aux années 1120, la sculpture des chapiteaux est du style roman et que ceux du pseudo déambulatoire et de la croisée sur nervures ont été réalisés entre 1120 et 1125. Dans cette portion de l’édifice, on rencontre des chapiteaux avec des arabesques, des entrelacs ainsi qu’un ou deux avec des rubans que l’on dira rubanés, ainsi qu’une composition mixte : monstre et arabesques, dans une période de temps très courte. Les chapiteaux décorés d'arabesques datent du retour de la 1ère Croisade soit 1105/1110, ceux comportant des entrelacs, de 1115/1120 et ceux comportant des rubans de 1136/1140.

           C'est ainsi que l'on peut observer sur la façade de l’église de Vailly-sur-Aisne des chapiteaux rubanés. Comme l’étude qui en a été faite propose les dates de 1125/1140 sans avoir tenu compte de ce type de sculpture, ceci vient en confirmation des dates proposées. Les chapiteaux sur les colonnes engagées à l’intérieur datent probablement de la même période, on peut les rapprocher de ceux du transept sud de la cathédrale de Soissons et voir que, là aussi, ils apportent confirmation des dates pour le transept.

           La période considérée, soit entre les dernières années du 11ème siècle et 1150, est riche en événements historiques, ils ont marqué la sculpture des chapiteaux, à tel point que l'on pourrait, grâce à cela, préciser quelques dates pendant cette période. Ces événements sont au moins au nombre de quatre :

           - 1) le retour de la première croisade1100/1105;                                                                - 2) l'avènement du style gothique (environ 1124);                                                           - 3) Saint-Bernard, entre 1130 et 1153, (voir son manuscrit de 1151 prônant la sobriété dans la liturgie et l'architecture : elle doit être en relation avec l'utilisation du cistel et ne semble pas être représentée à Morienval).

           - 4) ce sont les changements de dynastie pendant cette période qui voit l'avènement de l'Isle de France et des Capétiens, pendant la féodalité. Traduit en "langage sculpture", on pourrait dire que, jusqu'au retour des croisades, soit 1105, la sculpture des chapiteaux est romane et caractérisée par des masques anthropomorphes, avec une évolution : ce ne sont plus des bâtiments gallo-romains, ils font partie de l’architecture désignée : Opus Franci-genum par Raoul Glaber en 1003. Les chapiteaux de cette époque, servant de support à l'iconographie, participent à la représentation des évangiles, ils perdront de leur importance quand les chapiteaux, en s'élevant, deviendront illisibles et, qu'en plus, l'apparition des vitraux les supplantera. Puis, apparaîtraient, durant la période 1105/1125, des arabesques représentant des graphismes géométriques : triangles, cercles, etc., en liaison directe avec l'art interdisant la représentation du monde animal. A la suite de cette période assez courte, s'ensuivraient des motifs d'entrelacs de feuillage, remplaçant les cercles et les triangles (période 1120/1130) puis, s'enrichissant de guirlandes florales et de feuillage (période 1125/1130) apparaîtraient des stylisation de feuillages ainsi que des rubans (ce style est peu représenté à Morienval et davantage à l'église de Vailly-sur-Aisne ainsi que des compositions mixtes sur plusieurs chapiteaux cote à cote (1125/1130). Ceci, sans pouvoir fournir plus de précisions, actuellement.

           D'après l'évolution des chapiteaux de l'église de Morienval, l'ensemble des travaux réalisés sur le chœur semblent dater de 1123/1124 au plus tard.

 

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