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Présentation

ZZ10 La Datation

Publié par Legrand

 

 

4 - DATATION  GRACE  A  L’ETUDE  DES  PLANS

ET  A  l' EVOLUTION  DES  SCULPTURES

 

 

          Malgré le peu de renseignements que nous possédons concernant les dates de réali-sation des édifices pendant la période considérée : 1124-1144, cette étude est cependant possible.

           Le premier point concerne les dates de réalisation de l’Abbaye de Morienval avec les précisions apportées : 1122/1124 (voir le chapitre 15 l'abbaye de Morienval);

        Le second point concerne la réalisation du chœur de l’Abbaye de Saint-Denis (14 juillet 1140/10 juin 1144);  Puis une ou deux dates :

          Eglise de Vieil-Arcy (1124), dont la corniche extérieure de l’hémicycle est remarquable, constituée de 8 couchés ();

            Chapelle des Templiers de Laon (1134), dont la présence d'une coupole nervée doit être soulignée.

 

Essayons de comparer le plan de Morienval avec celui du transept sud de Soissons ainsi qu'avec celui de Saint-Denis. Partons des renseignements fournis :

Le transept sud de la cathédrale de Soissons est antérieur à tout l’édifice, son aspect déjà, le signale. Alors, que peut apporter l’étude du plan en le comparant aux plans des édifices dont on connaît les dates de réalisation? Ces comparaisons peuvent infirmer ou confirmer la proposition que je fais, c’est à dire la réalisation de la nef entre 1137 et 1162 et du transept sud entre 1125 et 1140. Une confirmation certifierait que la cathédrale de Soissons est la première cathédrale gothique. Elle a été édifiée sous l’évêché de Joslein de Vierzy.                                                                                                                      La date de réalisation de la nef est issue du livre sur le diocèse de Soissons de l’Abbé Jules Saincir, ne précisant pas s’il s’agit bien de cette cathédrale gothique ou d’une précé-dente, mais l’étude va le préciser.                                                                              Remarque préalable : cette étude, qui porte sur des édifices du premier âge gothique, comprend uniquement des édifices avec une coupole ou une demie voûte sphérique sur plan semi-circulaire.                                                                                                            Tout se passe comme si le problème que les concepteurs rencontrent, et qui n’était pas résolu, est celui de l’adaptation d’une croisée de nervures sur plan semi-circulaire plutôt que celui d’une croisée de nervures sur plan carré ou rectangulaire, comme s’ils avaient compris, consécutivement aux divers édifices qu’ils avaient déjà construits, notamment à Clairvaux (en 1115 avec Saint-Bernard), que le problème était résolu pour un carré mais pas pour un secteur semi-circulaire. Pour mieux formuler la difficulté : ils n’ont pas encore l’expérience de la réalisation de nervures dans une portion circulaire, et seul, un essai fournira les rensei-gnements nécessaires.                                                                                                                  On pourrait même imaginer que tant que ce point particulier ne sera pas résolu,

                                                                                                                 On pourrait même imaginer que tant que ce point particulier ne sera pas résolu, l’architecture de nervures, gothique, ne verra pas le jour. Ainsi, en 1122 à Morienval, les voûtes de l’hémicycle, bien que comportant des nervures en saillie, ne sont absolument pas gothiques.                                                                                                                        Maintenant, nous pouvons passer à :

 

          L'ANALYSE DES PLANS

 

          Le plan est la première opération réalisée dans un projet d'édifice; même si un plan sommaire d'étude est tracé en grandeur réelle sur le terrain, il précède tous les travaux, ainsi que les fouilles et les fondations; il doit tenir compte de la volonté des constructeurs de réaliser leurs voeux et tout particulièrement le type de ou des voûtes ainsi que le système de reprise des efforts exercés par ces dernières. Une fois établi, son évolution, sauf dans des détails, n'est plus possible; d’où l’importance de son étude.

          C’est ainsi que l’analyse des plans de Morienval montre que la réalisation du pseudo déambulatoire a eu lieu en 1122 et celle de la voûte sur nervures (croisée d’ogive) en 1124 (voir le chapitre 15 sur l’église de Morienval). Pour l'abbaye de Saint-Denis, dont nous avons les dates d’exécution avec certitude : ouverture du chantier le 4 juillet 1140, inauguration le 10 juin 1144, cette analyse est primordiale.

          Le plan du transept sud de Soissons ne peut en aucun cas être daté de 1176, parce que c’est ignorer les grandes cathédrales dont les travaux sont réalisés à partir de 1150 et qui comportent des hémicycles dans lesquels les voûtes gothiques nervées sont parfaitement réalisées. Cette observation oblige à situer la réalisation du transept sud de la cathédrale de Soissons avant ces ouvrages. Il faut donc, comme les dates de réalisation de la nef le laissent supposer, envisager la réalisation du transept avant 1140. La plage de réalisation se restreint à 1124/1140. A partir de cette hypothèse raisonnée, faisons l’analyse des trois plans. On cons-tate assez facilement que le plan du transept sud de Soissons est plus évolué que celui de Morienval et moins que celui de Saint-Denis. Le plan du transept, qui prévoit quatre points porteurs renforcés, aux angles 0°, 60°, 120°, 180°, est du même esprit que celui de Morienval, réalisé, lui, aux angles 0°, 45°, 90°, 135°, 180°. A Soissons, les points porteurs seront prolongés par des arcs rayonnants qui supporteront des contreforts au dernier niveau, ce qui prouve que, dès l’organisation du plan, les concepteurs ont l’intention de réaliser une voûte sur nervures dont les poussées devront être reprises. Comme ils ne connaissent pas encore les arcs-boutants, ce sera des contreforts. C’est un système novateur de construction pour un hémicycle qui est pré inscrit dans le plan. Il a été réalisé tout de suite après les travaux de Morienval, soit dès 1123.

          L’analyse du plan de l'hémicycle de Saint-Denis montre une évolution qui oblige à dater l'édifice postérieurement à celui de Soissons. En effet, à Saint-Denis, le principe cons-tructif est plus élaboré. On trouve, à rez-de-chaussée, deux déambulatoires concentriques et des alvéoles servant de contreforts (voir le plan ci-après), la colonnade est légère, les colonnes sont monolithes. A remarquer que la distribution des colonnes est basée sur cinq espaces plus deux, nous ne sommes pas encore sur la distribution établie sur la base du nombre d’or; nous sommes en 1140 et il faut attendre les années 1150 pour voir l’utilisation de ce système de tracé. Cette analyse des plans nous enseigne que le transept sud de Soissons est à intercaler entre Morienval et Saint-Denis.

          L’étude des modes constructifs ainsi que celle de l’évolution des baies confirment la proposition ci-dessus.

          Le but de cet exposé très succinct n’a pas pour objet une analyse de tout ce que l’on peut découvrir sur un plan mais de montrer son intérêt dans le travail de datation. Cette façon de travailler accrédite la présomption que l’on pouvait avoir au début de l’étude et c’est très important. On a l’information recherchée : le transept sud de la cathédrale de Soissons a bien été réalisé entre 1125 et 1140

      

A partir de là, l’étude des modes constructifs ainsi que celle de la sculpture vont être plus faciles . Il suffit d’extraire un renseignement daté, le comparer à un autre, ce qui permet-tra de le dater, et ainsi de suite.

 

 

 

 

 

          L'ANALYSE DES MODES CONSTRUCTIFS.

 

Le chœur de la basilique de Saint-Denis

Le chœur de la basilique de Saint-Denis

    L'ANALYSE DES MODES CONSTRUCTIFS.

 

  L'ANALYSE DES MODES CONSTRUCTIFS. Ceci est caractéristique de tous les édifices de l’Isle de France où l’on passe de l’arc en plein-cintre, qui n’est en rien de style roman, à l’arc brisé en ogive qui, lui, en ce qui le concerne, n’est pas de style gothique, et ce, entre 1100 et 1150.

          De l’an mil à l’an 1100, l’œuvre dans notre région devrait s’appeler Opus Francige-num, c’est à dire "œuvre française" définie ainsi par Raoul Glaber en 1003.

 

             EVOLUTION DE LA SCULPTURE.

 

L’évolution de la sculpture va être simplifiée grâce à la datation que l’on vient d’éta-blir. Si, jusqu'en 1105 environ, elle subit l’influence de la sculpture romane dans l’Abbaye de Morienval, caractérisée par des masques grimaçants, dits aussi anthropomorphes, le retour des croisades va apporter des dessins géométriques sous forme d’arabesques (1105/1110) qui vont très vite donner naissance aux entrelacs de végétaux (1115/1120), qui seront suivis par des entrelacs de végétaux rubanés ou simplement rubanés (1125/1130) et ensuite, par des stylisations de plantes (1130/1135), jusqu’au coup de frein imposé par Saint-Bernard en 1135/1140 environ, pour laisser place aux cistels des cisterciens. Certains chapiteaux, ornés de feuilles très stylisées et assez frustes, datent probablement des premières années du XIIe siècle. On peut dire, pour terminer, que l’augmentation des hauteurs dans les édifices, et tout particulièrement dans les cathédrales, va asséner un coup définitif à la sculpture des chapi-teaux d’autant plus que les vitraux vont les supplanter pour l’enseignement de la liturgie, avant que les verticales dans les édifices gothiques ne suppriment les chapiteaux. Il faut aussi mentionner les sculptures représentant la numérologie, telle la corniche située entre le premier et le deuxième niveau du transept su de la cathédrale de Soissons avec ce 8 couchés (∞) signifiant l’infini, que l’on rencontre également à l’extérieur de l’hémicycle de l’église de Vieil-Arcy. On trouve aussi trois fois les trois baies au premier niveau, série qui se répète sur les trois niveaux; cette numérologie va faire partie du langage religieux pendant trois siècles. Le chiffre 9 (IX) est symbolique dans la numérologie. Il ne semble pas que l’application de la numérologie soit antérieure à 1120. Elle semble n’être utilisée que pendant le cours du XIIe, XIIIe et XIVe siècles.

 

ZZ10 La Datation

Nota : Ce dernier chapiteau doit dater du retour des croisades comme sa forme le laisse supposer. Cette forme est géométriquement la mieux adaptée à la transmission des forces entre le carré du pied des arcs et le fût cylindrique de la colonne. Il est constitué par une demie sphère épannelée en carré pour sa partie supérieure et circulairement à sa partie inférieure correspondant à la forme de la colonne.

 

 

 

5 - DUREE  DE  CONSTRUCTION

(temps moyen de construction suivant celui de la cathédrale de LAON)

 

          Cette étude est basée sur les temps moyens de construction qui ont permis de construire la cathédrale de Laon et qui, appliqués à un autre édifice, permettent de se rendre compte si la réalisation est possible ou non. A noter qu'elle a été construite entre 1151 et 1180, elle comprend un petit chœur qui sera démoli et le chœur actuel a été re-construit entre 1180 et 1200.                                                                                                            Exemple : proposer la réalisation du transept sud de la cathédrale de Soissons entre 1125 et 1140, soit quinze ans, est-ce énoncer un laps de temps suffisant ou non? On se rend compte qu’effectivement, cette période, bien qu’un peu courte, est suffisante. S’ensuit la nef entre 1137 et 1162, soit un délai correct; mais il apparaît tout de suite un chevauchement entre la fin des travaux du transept et le début de la nef, temps qui a peut-être été utilisé pour le raccordement des deux édifices au niveau du collatéral.

 

 

6 - LE  NOMBRE  d’OR

et son application au tracé des hémicycles des cathédrales

TRACE  DU  NOMBRE  D'OR
Son tracé géométrique, son calcul mathématique, sa vérification trigonométrique et son application en Architecture.
                               Sa valeur est :  1 + V5                                                                                                                      2            soit, en calcul approché : 1,6180339, nombre irrationnel illimité, de même nature que : V2 et V3 ou π (qualifié également d'incommensurable par le mathématicien Jean Henri Lambert), etc.
          Le dessin géométrique du nombre d'or s'effectue par le tracé du pentagone, puis du décagone. Le calcul de la longueur du côté du décagone est à comparer avec la valeur du sinus de l'angle de 36 degrés, correspondant.                                                                       Ceci aboutit à l'utilisation du demi décagone qui sera quasiment généralisée, en architecture gothique, sur les plans d'implantation des colonnades des chevets, à partir de 1151 et ce, dans les églises et les cathédrales de l’Isle de France.
          - 1) Tracer le cercle de centre O, de rayon R qui prendra la valeur 1 dans les calculs suivants;                                                                                                                            - 2) tracer le cercle de centre O1 et de rayon R/2;                                                     - 3) tracer AO1 qui coupe le cercle O1 en X et en Y;                                                            - 4) considérer le point A comme le centre d'un cercle de rayon AY qui coupe le cercle O en D et G;                                                                                                          - 5) FD et FG : les cordes et les deux côtés du pentagone inscrits dans le cercle O;                  - 6) Reporter DF en DB et FG en GH et l'on a le pentagone BDFGH;                                        - 7) Considérer A comme le centre d’un cercle de rayon AX et tracer B.
          En prenant le segment AB et que l'on trace BC, de même, en portant le segment AB en CD, on obtient le tracé du demi décagone qui servira au tracé des points porteurs des hémicycles des cathédrales gothiques, à partir des années 1150 (ABCDEF); on peut, de même, tracer les points BCDE en reportant AB, issu du cercle de rayon AX, dont la valeur est :                                           (V5-1)/2.                                                                  Cette construction, longtemps classique, est connue sous le nom de division (du rayon) en moyenne et extrême raison (voir le Larousse en trois volumes p. 850).        
          Calcul de la valeur du segment AY, qui va apparaître comme étant la valeur du NOMBRE  d'OR :          Dans le triangle rectangle AOO1, AO1 est l'hypoténuse donc : AO1² = AO² + OO1²; AO1² = 1² + (½)² = 1+ ¼ = 4/4 + 1/4 = 5/4; d'où AO1 = V5/2. Calcul de la longueur du segment AY : AY = AO1 + O1Y; d'où AY = V5/2 + 1/2 = (V5 + 1)/2, qui est la valeur du nombre d'Or, et en remplaçant V5 par sa valeur chiffrée V5 = 2,2360679, on obtient AY = AD = 1,6180339 (AD est obtenu en traçant le cercle de centre A est de rayon AY), valeur que l'on comparera à celle obtenue par le calcul trigonométrique.
          Calcul de la longueur de la corde du pentagone :
AB = AX;  or, :  AX = AO1 - O1X = V5/2 - 1/2 ou (V5-1)/2 = (2,2360679 - 1)/2  = (1,2360679)/2 = 0,6180339.
          Comparaison de la longueur du segment AY que l'on vient de calculer par la méthode du nombre d'Or avec le segment BH que l'on va calculer trigonométriquement. Dans un pentagone régulier, l'angle au centre BOH a pour valeur 360/5 = 72 degrés. L'angle BOA = 72/2 = 36 degrés. Le sinus de 36 degrés = 0,58778525, d'où la longueur du segment BZ = 0,58778525 et BH = BZ x 2 = 0,58778525 x 2 = 1,1755705, que l'on peut comparer au segment CD : 1,1755706, calculé et tracé par la méthode du nombre d'Or. Ces deux valeurs sont identiques, c'est une SURPRISE que le calcul arithmétique d’un segment de droite dans un dessin géométrique correspond à ce point au calcul trigonométrique du même segment, calcul qui ne sera possible que plusieurs siècles plus tard!

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