Y8 CONCLUSION

CONCLUSION

           Mon but n'a pas été de chercher à prouver que la cathédrale de Soissons est la première cathédrale gothique, ce sont mes réflexions déductives durant mes recherches historiques et techniques qui me l'ont fait découvrir, et consigner par écrit.                                  Les renseignements trouvés dans le livre de Jules Saincir ont alimenté le raison-nement qui aboutit à la conclusion proposée. Refuser la proposition de date, soit environ 1140/1162 pour la réalisation de la nef de J. de Vierzy, telle que nous la connaissons aujour-d’hui, oblige à admettre que la cathédrale que J. de Vierzy a construit ne serait pas du style gothique mais du style "roman" alors qu’il y a autour de Soissons les cathédrales de Noyon, Sens et Laon, en cours de construction, et que les connaissances dont il dispose lui perme-tent, au contraire, de réaliser une construction gothique.                                                         D’autre part, en poursuivant le raisonnement, Nivelon de Cherizy, arrivant à l’épiscopat, se trouve en présence d’une cathédrale "romane" qu’il va démolir pour réaliser, entre 1176/1212, un édifice archaïque, tel que J. de Vierzy aurait pu le faire! Le raisonnement me surprend. Quatorze ans seulement séparent les deux édifices. N’oublions pas que la cathédrale de Reims a été commencée en 1211 et qu'elle représente le savoir faire qui vient juste après celui de la cathédrale que l’on voudrait attribuer à Nivelon de Chérizy. Quand je vois la différence qu’il y a entre ces deux édifices j’ai bien des difficultés à admettre que Nivelon de Chérizy ait réalisé un édifice d’un style gothique aussi primitif alors qu’il a toutes les possibilités de réaliser un édifice du même esprit que Paris ou Chartres.                                Encore un détail : les dons faits du temps de Nivelon de Chérizy, concernent le chœur. Pour autant, tout n’est pas dit au sujet de la cathédrale de Soissons, ainsi que des églises qui ont servi aux concepteurs des onzième et douzième siècles, pour comprendre et pour établir les bases de l’Architecture gothique.

           “L’art naît de contrainte, vit de lutte, meurt de liberté” (André Gide, L’évolution du théâtre).                                                                                                                                       Cette citation reflète l'esprit de l'oeuvre de Léonard deVinci et de Michel-Ange.     Auguste Choisy disait à peu près ceci : Les concepteurs gothiques, surexcités par les obstacles qui les avaient éveillés, ne surent pas se borner, ils ne s'arrêtèrent que devant l'impossible, avant d'abdiquer, ils tirèrent des méthodes tout ce qu'elles pouvaient donner. La vie de l'architecture gothique n'est qu'une incessante déduction ou tout s'enchaîne avec cette inflexible logique qui fait que chaque époque est la conséquence inévitable de celle qui la précède. On peut admirer plus ou moins tel ou tel de ces âges, mais ce sont des âges qui se succèdent fatalement, comme se succèdent dans un être organisé l'enfance, l'âge mûr et la vieillesse; ainsi que les être vivants. L'art gothique portait dans son organisme le germe de son déclin et de sa mort. On pourrait dire qu'après les cathédrales de Soissons, Noyon, Sens, Paris, Laon, Reims, Amiens, Bourges et Chartres, commence le déclin.